You Are Here: Home» » Les accusés du 11-Septembre silencieux face à la justice

Les familles de proches de victimes et les médias ont suivi derrière une paroi vitrée les débats, retransmis avec un différé de 40 secondes permettant la censure de propos sensibles.
Près de onze ans après les attentats du 11-Septembre, leur cerveau autoproclamé et quatre de ses complices ont été mis en accusation samedi 5 mai à Guantanamo pour le meurtre de 2 976 personnes. Vêtus de tuniques blanches, coiffés pour certains d'un turban de la même couleur, les cinq hommes ont gardé le silence toute la journée, assis dans la salle d'audience à une certaine distance les uns des autres. Au terme d'une audience de plus de 13 heures, où les suspects ont joué la montre, dans une tentative apparemment concertée de retarder l'échéance, ils ont été accusés du meurtre de chacune des 2 976 victimes des attaques de 2001 aux Etats-Unis.
Khaled Cheikh Mohammed, un Pakistanais de 47 ans, qui a revendiqué la paternité des attentats "de A à Z", son neveu de la même nationalité Ali Abd Al-Aziz Ali, mais aussi les Yéménites Ramzi Ben Al-Chaïba et Wallid Ben Attach et le Saoudien Moustapha Al-Houssaoui encourent la peine de mort. Ils ont été accusés de "complot, attaques sur des civils, blessures intentionnelles, meurtres et violation du droit sur la guerre, destruction, détournement d'avions et terrorisme", a annoncé le procureur, le général Mark Martins. Ils n'ont pas annoncé s'ils plaideraient coupable ou non coupable.
L'audience s'est achevée avec la lecture des 88 pages de l'acte d'accusation. Assis depuis 9 h 30 dans la salle de tribunal spécialement conçue à leur intention, les cinq hommes ont passé la journée le regard rivé sur leurs genoux, se penchant de temps à autre pour chuchoter. Certains lisaient un livre qui semblait être le Coran ou se passaient l'hebdomadaire The Economist. Les accusés ont refusé de porter le casque de traduction simultanée, leurs avocats prétendant que cela leur rappelait leurs tortures. Deux d'entre eux se sont levés et se sont agenouillés pour prier, provoquant une interruption des débats. Le juge militaire a décidé par deux fois de suspendre l'audience pour leurs prières soulignant que c'était "un droit mais dont ils ne pouvaient néanmoins abuser".
"L'ACCUSÉ REFUSE DE RÉPONDRE"
"L'accusé refuse de répondre", a répété inlassablement le juge James Pohl, pour chacun des cinq accusés qui refusaient, tour à tour, de répondre à ses questions sur leur représentation. Seul le Yéménite Ramzi Ben Al-Chaïba a rompu le mutisme de ses co-inculpés pour protester contre le traitement que l'armée américaine réserve à ces détenus de "haute valeur". "L'ère de Kadhafi est finie, mais on a Kadhafi ici", a subitement crié le Yéménite Al-Chaïba, dans une évocation évidente des traitements subis pendant leur détention dans une prison secrète de la CIA et depuis leur transfert à Guantanamo. "Vous allez nous tuer et dire ensuite qu'on s'est suicidés", a-t-il encore lancé.
Un porte-parole du Pentagone a indiqué que cette procédure de mise en accusation aurait dû prendre entre deux et trois heures, au lieu de plus de treize heures. "Le procès du siècle" comme l'appellent certains observateurs, pourrait ne pas commencer avant mai 2013.
Tags: